Cet album a été un véritable coup de coeur pour
moi.
En effet, je n'avais jamais lu d'album dessiné par
Annie Goetzinger avant celui-ci et c'est une véritable révélation.
Nous sommes tellement loin de ce qu'on trouve dans
la production BD actuelle : pas de violence, pas de sexe mais un climat
érotique sous-jacent dû sans doute à l'exotisme de l'Orient, surtout à
l'époque à laquelle l'histoire se passe, un scénario intriguant et original.
C'est plutôt un livre de souvenirs, à feuilleter
comme on parcourt un vieil album de photos un jour d'automne, dans une
atmosphère feutrée et tranquille. On a envie de se laisser aller, de revenir
en arrière, de relire certains passages.
C'est un album qu'il ne faut pas lire n'importe
quand : il mérite qu'on choisisse son moment, qu'on accepte d'y entrer et
d'y consacrer du temps.
L'histoire en elle-même, écrite par quelqu'un
qu'on ne présente plus, nous montre comment une action relativement simple,
répondre à une petite annonce, peut amener à deux destinées complètement
opposées. On se demande pendant un moment quelle est la véritable existence
de l'héroïne, celle en couleur ou celle en noir et blanc ?
On se rend compte que notre vie est ce qu'elle est
mais qu'elle pourrait être complètement différente simplement à cause d'un
détail ou d'une décision qu'on a osé prendre ou pas à un moment précis de
notre vie.
Quant au dessin, il traduit parfaitement ce climat
et convient à merveille à ce genre de personnage. Très fin, très délicat, le
tout en couleurs pastels rehaussé de couleurs vives aux bons moments avec
par moment une alternance du noir et blanc avec la couleur.
La sensualité des personnages féminins, la
décoration et les décors orientaux, le souvenir d'un colonialisme maintenant
disparu mais non dénué de charme me font penser que cette BD a "une odeur"
particulière...une odeur de nostalgie...
Un album qu'il faut absolument découvrir...mais
qui doit se mériter pour en retirer le maximum de satisfactions...
Marc Guislain - novembre 1996
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Dessin
:
Annie GOETZINGER
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Qu'est-ce qui unit donc la
destinée apparemment si dissemblable de Lady Sheringham, interviewée dans
son manoir pour un article à sa gloire, à celle de la pauvre Emma Piggott,
qui vient de mourir ignorée de tous dans sa rue de Whitechapel à Londres ?
A l'une, la vie a tout donné, au fil de péripéties extrême-orientales
hautes en couleur, sur ce qui restait de l'empire colonial anglais. A
l'autre, maîtresse d'école dans une institution religieuse, elle a presque
tout refusé, dans la grisaille d'une existence immobile.
Mais il y a cette petite
annonce parue dans le TIMES de 1948 à laquelle, semble-t-il, l'une des deux
femmes a répondu. Et l'autre pas...
"La Sultane blanche" marque
les retrouvailles heureuses des deux auteurs de "La Demoiselle de la Légion
d'honneur".
Véritable roman en images, cet album nous invite à revivre, à travers le
destin de deux femmes, les splendeurs et le déclin de l'empire britannique
dans les années 50. On y retrouve les qualités d'historien de Christin et
son côté "horloger" dans l'art de bâtir des histoires.
Des briques de la vieille
Angleterre aux pelouses de Hong-Kong et de Malaisie, il cisèle son récit à
la manière de Somerset Maugham, donnant à Annie Goetzinger l'occasion de
jouer une partition à sa mesure: romanesque, sensuelle, pleine de finesses,
de dentelles et de parfums d'été. |